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Je ne comprend plus rien, et le reste de la journée se passe dans une
sorte de torpeur bienheureuse à côté de Kahalani-Vaitiare… avec des pensées
pour ma vie d’avant… mes parents, ma sœur, et comment ces courtes semaines ont
changé ma vie en profondeur.
La nuit est maintenant tombée et on vient nous chercher pour manger.
Nous sommes à l’écart des autres, derrière un rideau de bambous et je ne
comprends pas pourquoi, je n’arrive pas à voir tout le monde…
A ce moment là, deux femmes viennent vers nous avec du poisson et une
sorte de pâte que je ne connais pas et qui est un peu gluante…mais délicieuse.
Je lui demande comment c’est fait… et je réalise soudain que je parle
une langue que je n’ai pas apprise…je m’arrête au milieu de ma phrase, fais un
effort de concentration et demande en français :
- pourquoi est-ce qu’on est pas avec les autres ?
La fille me regarde, stupéfaite, et s’enfuit en criant…
Vaitiare me regarde aussi, nullement impressionnée.
- Je
savais depuis le début que tu étais plus qu’un homme, tu parles même une autre
langue que le Tahua… tu es… tu es… je ne sais pas ce que tu es… dit-elle en
laissant tomber ses bras.