petit roman...
Tout a commencé un soir de
Mai.
C’était un soir comme les
autres. Pistou, la chatte, était étalée de tout son long sous le figuier, et le
soir étirait dans le ciel ces longues traînées violettes et roses qui font
penser que le soleil est content d’avoir fini sa journée. Papa n’était pas
encore rentré de l’arsenal - il était dans la Marine – et cette absence me
faisait remarquer combien notre vie de tous les jours était minutée. Il
rentrait vers les 5 heures et tout retard était l’objet d’inquiétudes. Tous les
jours, quand il rentrait, il allait dans le jardin pour regarder mûrir ses
tomates, comme il disait… c’est vrai que nous habitions La Seyne sur mer et
même si on ne voyait pas la mer, on l’entendait, et les jours de mistral, elle
passait par-dessus le petit quai. Mais là, il faisait beau et le soleil donnait
de belles couleurs aux jardins.
Mais pas ce soir…Papa était
rentré tard ; dérangé Pistou, qui avait grimpé dans l’arbre ; et
maintenant, il était surexcité, comme une tornade, bousculant tout sur son
passage, … sans dire bonjour à personne, il s’est rué vers Maman et a
déclaré :
« Chérie… on part à
Tahiti ! pour 2 ans… »
Je n’ai jamais vu Maman
prendre un tel air ; à la fois heureuse et horrifiée…
« …Mais
quand ? »
« Oh dans deux mois,
y’a le temps… »
« … mais les enfants…
Roald… Angéline ? et le déménagement ? comment on va faire pour les
meubles ? »
« Ne t’inquiète pas ma
chérie, je ne suis pas le premier à partir, il doit y avoir une
procédure. »
Mais, moi, la procédure m’intéressait pas… ce qui
m’intéressait, c’était Tahiti !
Tahiti… on partait à Tahiti…
Pourquoi ce nom avait-il
toujours éveillé en moi un abîme de rêveries… l’espoir de découvrir des mondes
inconnus ou oubliés… mieux encore, devenir, moi aussi, un explorateur… Robinson
Crusoë ?
La nuit, fut à la mesure de
la nouvelle qu’avait ramenée Papa… Agitée… mais elle se finit enfin et après
avoir englouti le petit déjeuner, je me précipitais à l’école pour en savoir
plus sur cette merveilleuse destination…
Partie 2
Le lendemain, je demandais à
ma maîtresse - j’étais en CM2 - à qui je dis que l’on s’en allait à Tahiti, de
me montrer ou c’était. Après plusieurs recherches dans la salle de géographie,
la seule carte disponible dans l’école, était une carte du monde, avec la
France au milieu, et il fallait chercher tout au fond à droite, pour trouver
Tahiti… et ça ne m’avait appris que Tahiti se trouvait en Polynésie Française,
sur la carte, on voyait bien des petits points, mais rien d’autre…et elle me
dit que c’était les îles de la Société. Moi, les seules îles que je connaissais
bien, c’était les îles d’or, Porquerolles et Port Cros et Le levant...
C’était ces îles qui
occupaient notre pensées, à notre bande des 3. il y avait Sébastien, Antoine et
moi, Roald. Nous étions tour à tour, explorateurs galactiques ou pirates des 7
mers ou à la recherche d’une terre à découvrir… et il y avait, bien sûr, une
princesse, la sœur d’Antoine et Sébastien, Anne-Sophie, pour qui
j’accomplissait des exploits aussi dangereux que ridicules…
Mais, celle là, l’île de
Tahiti, je la rêvais différente, hors du temps… mystérieuse, accueillante, avec
des enfants sur les plages, plantée de cocotiers, avec des fruits dans les
arbres et des rivières pleines de poissons ! Bref, le paradis !
Il faut dire aussi que Papa
nous donnait des cours magistraux sur les us et coutumes de Tahiti et de ses
habitants… qu’il tenait d’un collègue, qui lui-même… donc, on apprenait
rien ! Mais, on ne parlait plus que de ça…
Ma sœur, elle voulait bien aller ou on voudrait, pourvu qu’on amène Bella, son baigneur… et moi, j’aurais bien voulu emmener mon train électrique, mais Papa n’avait pas voulu.
les semaines avant le départ avaient été plutôt marquées par le déménageme,t... et de savoir dans quel carton on allait ranger tout ça... C'est maman qui avait tout fait, car Papaétait encore en poste et il ne quittait son affectation qu'une semaine avant de prendre l'avion...