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Pendant le dimanche
précédant notre départ vers Tonton Jules et Tata Louise, on aurait pu croire
que le monde entier venait nous dire au revoir… Enfin, le monde entier… Notre
monde entier ! et c’était facile, bien sûr, on était dans une grande
ville, mais, dans les quartiers, tous les habitants sont proches les uns des
autres, et nous autres, à Fabregas, d’un côté on avait Notre Dame du Mai et de
l’autre côté, la plage des Sablettes, alors notre quartier, même si c'était notre monde entier... il était petit…
Il était à peine 10 heures du matin, et j’avais déjà reçu une gifle
de Papa, qui était aussi énervé que nous. Depuis 2 mois, on ne parlais plus que
de ça… et là, maintenant, 3 jours avant le départ, la pression montait doucement... et c’est pas les 3 jours précédant le départ - qu’on avait passée chez
Tonton et Tata, à Pelissanne - qui avait arrangé les choses…
Tout le monde s’était égosillé, entre Tata qui
espérait qu’on aurait du courant dans ces îles lointaines et Tonton qui n’y
mettrait jamais les pieds parce qu’il n’y aurait jamais de vignes sur des
petites îles comme ça. Maman avait patiemment expliqué que, non, on n’allait
pas aller à l’école tous nus ; et Papa avait passé son temps à démontrer
que non, Tahiti, c’était pas juste à côté de la Martinique…
Bref, tout le monde était énervé, tout le monde
voulait avoir raison… et personne ne savait exactement ce qu’était Tahiti, ou
c’était et comment c’était ! Quant aux autres îles, personne n’y avait
jamais fait une quelconque allusion ! il n’existait qu’une seule île,
pleine de sauvages nus avec des plumes, et c’était bien suffisant !
Bref, nous partions bien
pour l’inconnu… et c’était palpitant.